Manger mieux, oui, mais comment ? Pour aider à la prise de conscience du poids de la consommation alimentaire sur la santé de la planète, le ministère de la Transition écologique a commandé la création de nouveaux labels visant à informer le public de l’empreinte environnementale de leur panier de courses. L’Eco-score et le Planet-score, que les consommateurs peuvent notamment consulter sur la très célèbre application Yuka, ont pour objectif d’aider à faire les «bons» choix. Mais certains écueils ont été observés, notamment par ceux même qui ont participé à leur conception.
Sur le modèle du Nutri-score (qui renseigne la qualité nutritionnelle des aliments), l’Eco-score et le Planet-score ont été mis en place au printemps 2021. Là aussi, il s’agit d’un système de notation par lettres. Hayo Van der Werf, chercheur à l’Inra, spécialisé dans l’analyse des systèmes environnementaux, qui a participé à l’élaboration de ces étiquettes, affirme que de telles notes étaient, de longue date, demandées par les consommateurs. Le gouvernement, s’appuyant sur un rapport du conseil scientifique qui l’a conseillé à ce sujet, devrait pérenniser lesdits labels «courant 2022», espère M. Van de Werf. Il reste toutefois conscient que l’année électorale pourrait bousculer l’ordre des priorités de l’exécutif.
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Calculer l’empreinte environnementale d’un produit alimentaire revient à faire une simple addition. Il s’agit en effet de faire la somme des effets de l’ensemble des ingrédients d’un produit. Ceux-ci sont répertoriés dans la base de données Agribalyse de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). C’est sur la base de «l’analyse de cycle de vie» (ACV) d’un produit qu’Hayo Van der Werf et ses collègues ont travaillé à l’élaboration des labels éco-conscients. Cette analyse «multiétapes» prend en compte l’intégralité des phases de fabrication d’un produit alimentaire : production, emballage et transport. Selon le Fonds mondial pour la nature (WWF), la seule production d’un steak de 100 grammes nécessite pas moins de 1 500 litres d’eau. L’emballage et le transport, contrairement à des idées reçues, «ne pèsent pas trop» dans les conséquences environnementales d’un produit agroalimentaire, explique Hayo Van der Werf. Le plus «incompressible» reste l’agriculture.
L’ACV a néanmoins un inconvénient majeur et inattendu : elle désavantage la culture bio. «Moins intensive» et ayant recours à «moins d’engrais et de pesticides», elle devrait en toute logique obtenir les meilleurs scores. Mais son «rendement moins important», au bout du compte, engendre un «impact par produit» supérieur à celui d’une exploitation industrielle. Une conséquence qui pourrait être amenée à disparaître dans Agribalyse, a indiqué, dans les colonnes des Echos, en mai dernier, Jérémie Wainstain, fondateur et dirigeant de The Green Data, société qui assure vouloir «réinventer l’alimentation» en mettant «les mathématiques au service d’une agriculture régénérative».