A la rentrée 2023, L’Ecole des nouvelles images, qui forment aux métiers du cinéma d’animation, intégrera de manière pérenne la Villa créative, dans le cœur de ville d’Avignon. En attendant, elle occupe, depuis sa création en 2017, une ancienne école de coiffure excentrée, un bâtiment au crépi marron et aux vitres teintées, un peu vieillot et austère. Aucun signe extérieur ne laisse imaginer que l’établissement abrite en son sein les grands réalisateurs de demain. Et pourtant, sa renommée internationale n’est plus à faire. L’école compte à son palmarès 250 récompenses et 750 sélections officielles partout dans le monde. Trois films de fin d’études – Hors piste, Grand Bassin et Wild Love – se sont même retrouvés dans la course aux oscars.
«La gouvernance est transparente»
Certains des trophées s’affichent fièrement dans la vitrine du couloir de l’école mais ce qui impressionne le plus les 180 étudiants qui se succèdent chaque année, c’est le trombinoscope des anciens affiché dans l’entrée. Sous leurs photos sont notés les noms des entreprises prestigieuses du monde de l’animation pour lesquelles ils travaillent : Mikros, Teamto, Superprod, Passion Pictures, Xilam, Studio Hari, Fortiche, etc. Le cursus se fait en cinq ans, mais de nombreux élèves sont débauchés dès la troisième année. «La plupart du temps, ils choisissent d’aller jusqu’au bout des études car ils savent de toute façon que 100 % des élèves trouvent un emploi dans le domaine à la fin», assure Maud Dufour, assistante de direction qui veille au bien-être des étudiants.
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La notoriété de l’école, son directeur l’explique par la pédagogie qui y est enseignée et par le mode associatif à but non lucratif sur lequel elle fonctionne, une démarche rare pour ce genre d’établissement. «La gouvernance est transparente, le conseil d’administration est composé de parents d’élèves bénévoles, d’étudiants et de salariés. Tous les frais de scolarité sont investis dans la pédagogie. Ce sont aussi ces valeurs-là que l’on veut transmettre à nos étudiants, des valeurs dont tout le monde est partie prenante», explique le directeur Julien Deparis.
«On a additionné nos compétences»
A l’origine, l’Ecole des nouvelles images est née d’une volonté éthique de parents dont les enfants étudiaient dans une autre école d’animation à Arles mais dont ils n’approuvaient pas la gestion. « On ne voulait pas que nos jeunes se trouvent dans une impasse en milieu de cursus. On a additionné nos compétences et on s’est lancés. Nous avons proposé à l’ancien directeur de l’autre école de nous rejoindre, ce qu’il a accepté», souligne la présidente Carole Gantelet, mère d’un ancien élève. Les autres salariés ont suivi.
Ils en ont fait une école à taille humaine qui compte bien le rester. «Il y a une très bonne ambiance dans la classe mais aussi dans l’école entre les différents niveaux. On ne nous met pas en concurrence. Et ça c’est très agréable», souligne Charlotte, 20 ans, qui achève sa première année. «L’équipe pédagogique est très proche de nous. On se sent écoutés», poursuit Mélanie, 21 ans. Depuis une dizaine d’années, la profession se féminise et au sein de l’école les filles sont plus nombreuses que les garçons. Et pour plus de mixité sociale, l’établissement met aussi un point d’honneur à prendre en charge, sur ses fonds propres, la majeure partie des frais de scolarité des étudiants les plus précaires. C’est le cas de Oualid, 30 ans, qui sans cette aide n’aurait jamais pu réaliser son rêve d’enfant. Et qui, son diplôme fraîchement en poche, s’envolera dans un mois pour travailler au Canada.