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Mort d’Alain Delon, la figure de style

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L’acteur mort ce dimanche 18 août à 88 ans a révolutionné l’élégance française dans les années 60. Exit le charme surranné de la France gaulliste, il impose une beauté inquiétante à force d’être magnétique, une animalité iconique qu’il a su transformer en pouvoir.
Dans «Mélodie en sous-sol», d'Henri Verneuil, en 1963. (MARCEL DOLE/Photo12 via AFP)
publié le 18 août 2024 à 8h12

Interviewé le 8 novembre 2020 sur France Info, Alain Delon disait ceci : «Aujourd’hui, c’est mon anniversaire et demain, c’est l’anniversaire de sa mort. Mais pour moi, il n’est pas mort. Il ne mourra jamais. Il est dans mon cœur comme il l’a été durant des années.» De qui s’agit-«il» ? Du général de Gaulle, dont le Samouraï a toujours été un thuriféraire. Ce culte est à la fois raccord et piquant. Raccord parce que Delon, dans sa vie comme son œuvre, a véhiculé une masculinité très «France de papa», archétype du solitaire-ombrageux-taiseux. Piquant parce que le surgissement de Delon a marqué, stylistiquement, une rupture quant à l’image de l’homme français.

Le pendant masculin de Brigitte Bardot

Avec lui, exit l’écrasant bonhomme mature et autoritaire (Jean Gabin, Lino Ventura, Louis Jouvet) comme le délicieux gentleman charmeur (Maurice Chevalier, Michel Aumont, Yves Montand), les deux options qui prévalaient jusqu’alors. Place à l’aura électrique. Il n’est plus question de charme mais de magnétisme à couper le souffle. Sa beauté est cinglante, moins rassurante qu’affolante en ce qu’elle explose les canons de l’époque. Son pendant féminin est Brigitte Bardot – qui, elle, n’aura pas que le physique d’iconoclaste. Tous deux aimantent par l’animalité qu’ils dégagent, un rayonnement organique quasiment indécent qui irradie largement au-delà des frontières hexag