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Partage de compétence au profit d’associations: «Développer une culture de l’engagement»

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Depuis 2011, l’entreprise Pro Bono Lab aide les associations d’intérêt général à trouver de précieuses compétences auprès de citoyens et de salariés d’entreprises.
Chez Pro Bono Lab,, à Clichy, en janvier 2019. (Bruno Levesque/IP3)
publié le 15 octobre 2022 à 14h57
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«82 % des associations à finalité sociale ont besoin de compétences pour se développer et pérenniser leur activité», explique Agathe Leblais, directrice générale de Pro Bono Lab, citant une étude réalisée en interne. Les compétences les plus recherchées ? La communication digitale, la levée de fonds, la gestion des ressources humaines, la gestion financière ou juridique.

«Pro Bono Lab est né en 2011 de l’envie de trois étudiants d’HEC, une des plus prestigieuses écoles de commerce françaises, de donner de leur temps et de leurs compétences à l’intérêt général», poursuit la jeune femme définissant au passage ce qu’est le pro bono (1). La structure, qui compte aujourd’hui trente salariés au siège à Clichy et cinq antennes régionales en France, aide les associations d’intérêt général à formaliser leur besoin en compétences et mobilise les citoyens pour y répondre.

«Démocratiser le partage de compétences»

Ces derniers peuvent partager leur savoir-faire sur leur temps de travail (dans un cadre de mécénat) ou leur temps personnel (dans un cadre de bénévolat). En 2021, 909 volontaires ont ainsi accompagné 131 associations en France. «Nous voulons démocratiser le partage de compétences sur tout le territoire et développer une culture de l’engagement qui puisse devenir une nouvelle norme», insiste Agathe Leblais.

Ainsi Pro Bono Lab vise des petites et moyennes associations d’intérêt général, de cinq à soixante salariés, «assez grandes pour avoir des besoins de gestion mais sans disposer des moyens financiers pour s’offrir des compétences coûteuses. Il faut se faire connaître auprès de ces associations, en particulier dans les régions, pour leur expliquer qu’elles peuvent avoir accès au savoir-faire et au savoir-être», détaille la directrice générale.

«Des jeunes, parfois en décrochage scolaire»

La singularité de Pro Bono Lab repose sur un accompagnement plutôt court et ponctuel, en mode collectif. Ainsi, durant une demi-journée, une journée, ou quelques journées répétées, plusieurs volontaires vont aider l’association sur un besoin précis. Pro Bono Lab cible deux profils de bénévoles : «d’une part, des collaborateurs de petite ou moyenne entreprise, très petite entreprise et entreprise de taille intermédiaire qui souhaitent répondre à l’envie d’engagement de leurs salariés et d’autre part, des jeunes, de 16 à 30 ans, en insertion professionnelle, éclaire Agathe Leblais. Ce dernier public est très intéressant. Ces jeunes, parfois en décrochage scolaire, n’ont pas l’habitude d’être positionnés en acteur économique. Ils vont partager leur vision du monde avec les associations et les aider à comprendre comment engager la jeunesse. Ils peuvent aussi apporter leur compétence sur la communication sur les réseaux sociaux qu’ils maîtrisent parfaitement. C’est très touchant de les entendre dire en retour qu’ils se sont sentis utiles. Ce faisant, nous menons aussi une recherche sur le terrain pour savoir si le pro bono peut être un levier d’insertion professionnelle pour les jeunes. Une question pertinente pour la société.»

La question de l’utilité sociale est au cœur des préoccupations de Pro Bono Lab. «Nous sommes convaincus que tout le monde peut être utile et qu’il faut prendre soin des associations d’intérêt général vitales pour notre société», insiste la jeune femme. Depuis la création de l’association, l’envie d’engagement a changé, elle est plus forte mais sur des formats plus ponctuels. «En résonance avec ce que nous proposons», conclut Agathe Leblais.

(1) Le Pro Bono est une ancienne locution latine, provenant de «pro bono publico» signifiant «pour le bien public», qui désigne le travail réalisé à titre gracieux par un professionnel à destination d’une population défavorisée.