L’escargot qui orne la couverture du dernier essai de Pascal Chabot, Avoir le temps (puf, 2021), est un piège. A voir trop vite dans le gastéropode le symbole d’une lenteur idéalisée pour retrouver un temps qui nous échappe, on oublie trop vite sa coquille dont la spirale constitue finalement la véritable charnière de l’ouvrage. «Quand elle figure le temps, la spirale agrège la dimension d’irréversibilité linéaire à celle de la répétition cyclique», explique le philosophe belge. Pascal Chabot s’attache ainsi à décortiquer les différentes figures du temps à travers l’histoire, depuis le «destin» et son temps immuable jusqu’au «délai» qui nous sépare de la catastrophe à venir. Mais au moment de l’anniversaire du premier confinement, c’est le souvenir de cette rupture temporelle inédite causée par la pandémie qui a démultiplié nos interrogations sur le sujet.
Vous nous confrontez dès le départ à cette phrase qu’on répète tous, «je n’ai pas le temps». Vous expliquez que cette affirmation se contredit elle-même, puisque le temps, c’est finalement la seule chose que l’on a.
C’est la première grande contradiction, et une contradiction qu’on ne peut pas résoudre, ce qu’on appelle une aporie. Le temps, nous l’avons et nous n’avons que cela. Et c’est par cet avoir-là qu’on a tout le reste, y compris la vie. Et, en même temps, ce que l’on a, on ne l’a pas. Toute une réflexion semblait nécessaire sur les interprétations de ce non-avoir. On connaît l’interprétation par