Souvent méconnue, l’économie sociale et solidaire (ESS) agit pour le vivant. Une posture inclusive et innovante au service de l’intérêt collectif adoptée par les 2,4 millions de salariés de l’ESS en France, soit 13,6% de l’emploi salarié du secteur privé. Derrière les chiffres, il s’agit de femmes et d’hommes au sein d’entreprises, de fondations ou encore d’associations. Ceux-ci développent, se mobilisent, font émerger, militent, sauvent, innovent dans des secteurs variés : environnement, agriculture biologique, banque, santé, culture, sport, mutuelles d’assurance, etc. Autant d’actions à financer pour replacer l’économie au service du vivant, du réel et du local, sur le long terme.
D’acteurs économiques uniquement pourvoyeurs de biens, de services et d’emplois, la société a ainsi vu naître des organisations alternatives comme les coopératives ou les associations. Conscientes des lacunes du système en place, des personnes organisées en collectif se réunissent depuis plus de cent ans pour satisfaire leurs besoins économiques, sociaux et culturels communs. La propriété étant collective et le pouvoir exercé démocratiquement, ces structures privilégient le capital humain (et donc une forme de protection du vivant) comme modèle de décision (une personne = une voix).
Utilité sociale et solidarité
Lutte contre les inégalités, pour l’inclusion des personnes en situation de handicap, défense de la biodiversité : les organisations qui la composent visent à concilier l’utilité sociale, la solidarité. Egalement la performance économique et la gouvernance démocratique en faveur de plus de cohésion sociale et de proximité avec les territoires. Mais elles ont besoin de financements.
Financer cette voie de l’économie revient à soutenir la protection du vivant dans toutes ses dimensions. D’ailleurs de l’argent est disponible et, parallèlement, beaucoup de projets émergent et se développent avec un impact notoirement positif. De nombreux leviers de financement existent, et parmi eux les produits financiers tracés (comptes courants et épargne). Il s’agit de savoir à quoi va être utilisé l’argent confié par les particuliers afin de soutenir, sous forme de prêts, le financement de projets durables et responsables. La personne peut choisir de soutenir un territoire et /ou un secteur d’activité, ou encore un mode d’entrepreneuriat des emprunteurs (coopératifs par exemple). Le deuxième outil, le fonds commun de placement d’entreprises solidaires (FCPES) est aussi appelé «90 /10» (car jusqu’à 10% de son montant doit financer des entreprises solidaires). Les épargnants soutiennent ainsi des projets variés : insertion par l’activité économique, logement très social, mobilité durable…
Inspiration salvatrice
Enfin, les prêts à impact. Le principe est de faire varier le taux d’intérêt du prêt en fonction du degré d’atteinte de critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance). Réservés aux entreprises, fondations, coopératives, associations, ils procurent un effet d’incitation directe de l’emprunteur. Celui-ci bénéficiant d’une réduction de sa charge financière s’il atteint ses objectifs extra-financiers.
Nos sociétés sont confrontées à des défis inédits pour préserver le vivant. Pour y répondre, il faudra continuer à faire preuve d’innovation, en sachant puiser une inspiration salvatrice auprès du modèle défendu par l’ESS, et avoir la capacité d’accompagner les porteurs de projets. Comme l’affirme avec conviction Delphine Horvilleur, philosophe et rabbin, «il faut savoir s’émanciper du monde qui nous précède, et retrouver dans la tradition ce qui a pu à un moment être un ferment de rébellion». Autant d’arguments pour faire de l’économie au sens large un moyen d’aller vers une société protectrice des humains, de la faune et de la flore. Il s’agit d’un incontournable, une nécessité pour notre futur.