Histoire sans faim
Libération vous prépare de bons petits plats depuis sa machine à voyager dans le temps :
- Une entrecôte préhistorique
- Un poulet farci antique
- Des petits pâtés aux fruits du Moyen Age
- Un potage aux petits pois du XIXe siècle
- Des taros au lait de coco en 2050
Je me nomme Jean-Baptiste de la Quintinie. Je suis le créateur du potager du roi Louis XIV à Versailles. J’ai l’immense privilège d’assister au souper du roi aux alentours de 22 heures. Ce soir, Sa Majesté soupe au «grand couvert» dans son antichambre. L’étiquette prescrit que le roi y convie la reine, ses enfants et petits-enfants. Depuis le Moyen Age, ce repas pris en public symbolise le pouvoir du roi au quotidien. Des pliants pour les convives sont installés sur les bas-côtés de la table. Seules quelques dames titrées sont assises au premier rang de l’assistance. Derrière elles, se tiennent debout les autres courtisans et curieux de passage. Il y a au moins une centaine de personnes. Sa Majesté a dîné vers 13 heures au «petit couvert» dans sa chambre. Le dîner et le souper se composent de cinq services avec chacun six ou huit plats.
C’est peu dire que notre roi a bon appétit comme me le rappelait récemment la princesse Palatine. Lors d’un petit souper auquel elle a assisté (1), il engloutit «quatre pleines assiettes de soupes diverses, un faisan entier, une perdrix, une grande assiette de salade, deux grandes tranches de jambon, du mouton au jus et à l’ail, une assiette de pâtisseries». La princesse n’a pas fait mention de la dentition pitoyable