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Libération
100% pur leurre

Alan Conway, l’odyssée du faux Kubrick

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Dans les années 90, alors que le célébrissime réalisateur de «Shining», reclus dans son manoir, ne s’est pas montré en public depuis des années, un Anglais écume les bars et clubs de Londres en se faisant passer pour lui.
Alan Conway à Londres, en 1995. (John Stoddart)
par Juliette Démas, correspondante à Londres
publié le 18 juillet 2025 à 17h39

Tricheries, bluff, impostures et dissimulations… De Maradona à Retailleau, de Marie-Antoinette à Stanley Kubrick, tout l’été, Libé brille de mille faux. Tous les épisodes de notre série «100 % pur leurre» à retrouver ici.

L’homme a la joue rasée de près. Le menton haut, le cheveu fin. Les yeux clairs, derrière des lunettes d’aviateur aux verres très légèrement fumés, qui tour à tour obscurcissent son regard ou laissent filtrer une étincelle de satisfaction. Un sourire gourmand découvre à intervalles réguliers des rangées de petites dents, parfaitement alignées. Il se délecte d’être au centre de l’attention. Quand il répond aux questions d’un journaliste de la BBC, il y met force manières et mélange les pronoms d’une manière trop appuyée pour être naturelle : «lui» devient «moi», «son» devient «mon», «Stanley» devient «mon rôle». Son accent est timide, incontestablement anglais. Il n’y a rien, ni dans le visage, ni dans l’attitude d’Alan Conway, qui puisse suggérer une quelconque ressemblance avec le cinéaste américain