Peut-être avez-vous déjà vu son travail ? Il brille d’un halo de rigueur et d’austérité. L’émotion y jaillit par surprise, dans la confrontation avec un titre, ou dans les vibrations floues du fusain. Ses pliages de papier, désormais jaunis, sont parfois ornés d’une goutte de sang – comme Sangre y cuadrante, en 1972 – et dénoncent de manière oblique la montée des militaires et le coup d’Etat qui ensanglantèrent l’Uruguay en 1973. Longtemps, le travail d’Alicia Mihai Gazcue, Uruguayenne exilée pendant la dictature et vivant désormais en Roumanie, a été farouchement politique. En 2010, elle confie dans un long entretien avec Gabriela Rangel, directrice des arts visuels et conservatrice en chef de l’Americas Society à New York, qu’elle tente de «créer une construction politique à travers un regard poétique». Son tournant vers un pop art tardif, au début des années 2000, lui a valu des comparaisons avec Gerhard Richter ou Steve Gianakos : un chapeau d’homme entouré d’un mystérieux halo semble tiré d’un dessin animé des années 20, idem de cette motte de beurre un brin floue sur laquelle s’inscri
100% pur leurre
Alicia Mihai Gazcue : sa vie, leur œuvre
Article réservé aux abonnés
Capture de la performance d'Alicia Mihai Gazcue, «Pasar entre ellos», 1969. (Alicia Mihai Gazcue/ Galeria Espacio Minimo)
publié le 8 août 2025 à 7h02