Au début des années 2000, quand on a entendu pour la première fois le groupe suédois de death metal Arch Enemy, les grognements semblaient émaner d’un Viking sur le point d’avaler un renne tout cru. Pas du tout : il s’agissait d’Angela Gossow, menue et végane. L’Allemande fut à la fois l’une des pionnières et l’une des rares références féminines du growl (en anglais, littéralement grognement), une technique vocale qui s’accompagne généralement de guitares saturées et de paroles énervées dans des musiques dites «extrêmes». Caractéristique du death metal, même s’il est parfois employé dans la pop plus mainstream, ce chant guttural se rapproche aussi de certaines traditions sardes, mongoles, inuites ou tibétaines. Il s’obtient au moyen des «fausses cordes vocales», deux bandes ventriculaires situées dans le larynx, juste au-dessus des «vraies» qu’elles protègent de la pression de l’air quand on s’énerve. Si on hurle de colère ou que l’on aboie comme un molosse, elles produisent un son à la fois saturé, caverneux et puissant, chez les femmes autant que chez les hommes puisque leurs membranes ont sensiblement la même taille.
Reine du cri
C’est une chose de gronder quelques secondes ; c’en est une autre de maintenir le growl sur la durée d’une carrière, et ce n’est pas sans risques. Mezzo-soprano, Angela Gossow avait 16 ans quand elle a poussé ses