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Libération
Les guides verts (4/6)

Arne Næss, en hauteur et en profondeur

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«Libé» raconte les précurseurs de l’écologie moderne et leurs ouvrages. Aujourd’hui, le facétieux philosophe norvégien, précurseur de l’«écologie profonde», qui met l’humain et son mode de vie face à ses responsabilités.
Le philosophe écologiste Arne Næss. (Coll.Arne Næss et Kit-Fai Næss/Ed. Wildproject, 2009)
publié le 10 août 2022 à 6h30

Arne Næss a longtemps vécu sur les flancs d’une montagne rabougrie du massif d’Hallingskarvet, au nord-ouest d’Oslo, en Norvège. Le philosophe avait construit sa propre maison sur un plateau rocheux, parmi les rennes et l’infini brouillard. Sa bibliothèque lui tenait compagnie, des dictionnaires de sanskrit, des ouvrages de Spinoza ou de Gandhi. Il n’écrivait quasiment qu’en altitude. En famille. «Cette montagne, je la voyais comme un père, grand et bienveillant […] Pour moi, elle était vivante», racontait l’auteur norvégien disparu en 2009.

Evacué à bout de bras par la police

Entre les murs de sa cabane baptisée «Tvergastein», Arne Næss a inventé «l’écologie profonde» (deep ecology), le concept d’une vie, apparu pour la première fois dans un article de 1973, puis sujet de livres (1). Sa théorie place l’humain au même niveau que les autres êtres vivants ; il n’est plus au centre, il n’est plus prioritaire. Le philosophe postule qu’il existe un grand «Soi» qui nous oblige et nous dépasse. Contrairement à «l’écologie superficielle» (shallow ecology), qui traite les conséquences, «l’écologie profonde» doit s’attaquer aux causes, à notre mode de vie.

A l’époque, Arne Naess, qui a quitté l’université d’Oslo,