L’histoire coloniale regorge de personnages tels que David de Mayrena, tout à la fois militaire, aventurier, trafiquant, journaliste, mythomane… Né Auguste-Jean-Baptiste-Marie-Charles David à Toulon en 1842, il tourne le dos à la tradition de sa famille de hauts fonctionnaires et embrasse la carrière des armes. Il se retrouve en 1863, sous l’uniforme des spahis (une unité française employée par l’armée d’Afrique), à conquérir la Cochinchine (le sud de l’actuel Vietnam) et tirera de son expérience un livre, Souvenirs de la Cochinchine, où il déploie une imagination fertile.
Revenu à la vie civile, il multiplie les allers-retours entre l’Europe et l’Asie, au gré des escroqueries qu’il échafaude. Avec l’argent extorqué, sous prétexte de mission scientifique, au baron Seillière (de la dynastie qui donnera au patronat français un de ses plus éminents dirigeants), il s’installe à Saïgon où il poursuit son métier de fripouille. Grâce à son mariage avec une femme du pays, il apprend le viet et le cham et part en expédition dans le nord de la colonie, le pays des mystérieux Moï. Il a la bénédiction des autorités françaises, décidément peu regardantes, qui souhaitent s’allier avec les groupes ethniques d’une région que convoitent les Allemands.
Hors d'Etat, les pays éphémères (3/6)
Marie 1er, roi des Sedangs
Une fois sur place, il fait la tournée des tribus dans son grand uniforme chamarré et impressionne les élites locales, peu habituées à recevoir de la visite. Il leur propose la fin des guerres intercommunautaires et la création d’une fédér