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Drôle d'été pour une rencontre

Chantal Akerman et Delphine Seyrig, pionnières du cinéma

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Drôle d’été pour une rencontredossier
Quand la jeune réalisatrice croise l’actrice star au hasard d’un festival, en 1973, à Nancy, se noue une complicité aussi artistique qu’engagée, dont naîtra «Jeanne Dielman», chef-d’œuvre sacré «meilleur film de tous les temps».
Chantal Akerman et Delphine Seyrig sur le tournage du film «Letters Home», en 1984. ((c) Catherine Deudon / Roger-Viollet/(c) Catherine Deudon / Roger-Viollet)
publié le 15 août 2024 à 15h53

Joan Baez et Bob Dylan, Fidel Castro et Che Guevara, Adam et Eve, le Petit Prince et le renard… Tout l’été, Libé vous raconte la magie des premiers instants. Pour le meilleur ou pour le pire.

C’est une rencontre qui commence par un marché, presque un chantage. Une rencontre entre une cinéaste expérimentale de 22 ans et une actrice au sommet de sa gloire, poussée par les courants mêlés du féminisme et de l’avant-garde. Une rencontre qui s’épanouira dans un film : Jeanne Dielman, 23, quai du commerce, 1080 Bruxelles, trois jours dans la vie réglée d’une ménagère, entre préparation d’escalopes panées, cirage de chaussures et prostitution, une demi-heure tous les après-midi. Le «premier chef-d’œuvre au féminin de l’histoire du cinéma», proclamera le Monde à sa sortie – le qualificatif ne s’est pas étiolé depuis.

Printemps 1973, Nancy. Le Festival mondial du théâtre a investi le centre-ville. C’est la neuvième édition de cet événement imaginé par un Jack Lang alors étudiant, rapidement devenu une réunion majeure des jeunes troupes de théâtre les plus singulières des cinq continents. Cette année-là, le performeur Richard Gallo déambule en homme du futur à demi-nu, tandis que, le 1er mai, les maoïstes envahissent le Grand Théâtre, provoquant l’annulation des spectacles. Le thème de ce festival 1973 ? «Les mille visages de l’inquiétude moderne».

Cette agitation sied