Tous les épisodes de notre série de l’été 2022, «Une histoire peut en cacher une autre», à retrouver ici.
D’aucuns ont crié au plus grand déni de justice de l’histoire du foot. D’autres leur ont répondu qu’en foot, il n’y a pas de note artistique, mais un triomphe ou des sanglots. Mais même le plus suicidaire des parieurs n’aurait osé miser un kopeck sur les Allemands face aux Hongrois en finale du Mondial 1954. Les Magyars allaient faire du petit bois de leurs adversaires. Comme lors du premier tour. 8-3 pour les Hongrois. Un score de baby-foot mais une routine pour Ferenc Puskás, le major galopant et ses coéquipiers. Une dream team avant l’heure. Alors invaincue depuis quatre ans. Qui a doublement humilié l’Angleterre quelques mois plus tôt.
Que s’est-il passé cet après-midi-là au stade du Wankdorf de Berne pour que les virtuoses hongrois, qui menaient pourtant 2-0 après dix minutes, salopent leur partition et s’inclinent 3-2? Il pleuvait sans cesse sur Berne ce jour-là. Un temps à mettre onze footballeurs allemands dehors. Sur la photo immortalisant la liesse des champions du monde, un type en imper dégoulinant pose à côté du coach. Il n’a pas joué. Il ne fait pas partie du staff. Mais cette victoire est aussi la sienne. Il se nomme Adolf Dassler, dit Adi. A l’occasion de ce Mondial, cet homme qui n’aime rien tant que créer des chaussures de sport en a inventé une révolutionnaire pour le foot. Ell