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Libération
Sound-system revolution

De Kingston à Belém en passant par New York : l’histoire de la sono en plein air en six étapes

Le sound-system a changé le cours de la musique populaire pour devenir le haut-parleur des sans-voix. Cette semaine, «Libé» a passé une tête dans plusieurs endroits du globe marqués par ces amplis créés pour toutes les foules et toutes les musiques, pourvu que ce soit en plein air.
A Trinité-et-Tobago, en 2006. (Alex Smailes)
publié le 31 juillet 2021 à 20h02

Kingston, original sound-system

Ancien radariste dans l’armée anglaise reconverti disquaire, Hedley Jones veut donner envie au badaud d’acheter ses disques de jazz US. A la fin des années 40, il met à profit sa maîtrise des ondes pour fabriquer son premier ampli. Il en fabriquera même un autre à destination de Tom Wong qui, avec l’engin, deviendra l’un des premiers selectors jamaïcain, le nom donné aux DJ du reggae.

A Trinité-et-Tobago, la culture indienne en héritage

Dans l’Etat insulaire caribéen, c’est un son transportable aux colorations venues d’ailleurs qui porte la signature musicale, fruit de l’arrivée massive d’ouvriers agricoles indiens à partir de 1845. Retour sur cet héritage, qui voit, cent-soixante-dix ans plus tard, les Mike Men, descendants des ouvriers agricoles indiens, s’affronter dans des compétitions improvisées à qui diffuse le plus fort dans des champs de canne à sucre, à proximité de la capitale.

Les demi-dieux de la technobrega règnent à Belém

Une soirée dans l’ambiance du quartier de Nazaré, qui accueille l’un des multiples «aparelhagem» brésiliens, ces machines nées dans la ville, hors de prix, délirantes et itinérantes. Dessus, les DJ, gloires qui émergent de l’ennui local, dispensent une playlist de technobrega, genre musical, fruit d’une accélération à toute blinde des bluettes sentimentales traditionnelles.

A Notting Hill, le son contre la gentrification

Ex-quartier caribéen devenu chic de chez chic, Notting Hill retrouve ses couleurs d’antan chaque année, à la fin du mois d’août. C’est à ce moment que revient le carnaval, l’âme ancestrale du quartier, à grands coups de stack d’enceintes, qui crachent le son au milieu de poulet jerk mariné depuis trois jours, tandis que les demeures victoriennes se barricadent pour échapper aux décibels.

Dans le Queens, le paradis du vélo sono

A Trini, petit Trinité-et-Tobago de New York, l’île où est née la sono portable, les vélos suréquipés de 200 kg défilent dans les rues. Le quartier est aux anges, comme un rappel du pays développé par les noise makers qui apportent le son en même temps que les embouteillages.

En Colombie, mémoire de gros son

Racines afrocaribéennes, latines, libanaises, amérindiennes. La bande côtière colombienne abrite les picós, discomobiles ruisselant de fresques fluo peintes à la main que l’on sort le week-end dans la rue, et objet de fierté et de ralliement des quartiers pauvres. Un sport de combat, qui voit de nombreuses machines, baptisées en référence à Castro ou au Che s’affronter à qui vociférera le plus fort.