«Le projet restait encore très vague, quand je rencontrai ce maître d’études surnommé Pif-Luisant… Son âme était aussi belle que son physique était disgracieux… […] Pourtant, ce n’est que plus tard, à Luchon, que je devais voir ma pièce… J’y avais un ami d’une timidité désastreuse qui était amoureux d’une jeune fille. Bien entendu, mon ami écrivait souvent à la jeune fille. Quelles lettres ! Gauches et n’en finissant pas. Il fut entendu que, désormais, je les lui dicterais !» L’affaire finit par un mariage.
Dans son ouvrage Vingt ans d’intimité avec Edmond Rostand paru en 1928, son ami Paul Faure révèle quelques sources de la grande œuvre du poète. Mais l’inspiration principale est Savinien de Cyrano, dit «de Bergerac», né en 1619 et mort en 1655. Erudit, fantasque, poète et grand bretteur comme le héros de la pièce, il n’était en revanche ni noble ni gascon. Il était passablement alcoolique et libertin, ses inclinations amoureuses lui auraient fait mille fois préférer le beau Christian à sa cousine Roxane.
Pensée radicale et utopiste
La vie de Cyrano reste peu documentée. Nombre de chapitres sont issus de la préface de l’Histoire comique par Monsieur de Cyrano Bergerac, contenant les Estats et empires de la Lune, publiée vingt mois après sa mort par son ami Henry Le Bret. Il en ressort que notre héros est né à Paris dans une famille bourgeoise qui achètera dans la vallée de Chevreuse la seigneurie de Mauvières et Bergerac (actuel Saint-Forget dans les Yvelines). Après une enfance ch