On ne sait pas si le très sérieux Joseph Bell, docteur et professeur à l’hôpital Royal Infirmary d’Edimbourg, expert légiste de la Couronne britannique, frappait les cadavres avec une canne dans les salles de dissection «pour vérifier si on peut leur faire des bleus» ou s’il était prêt à administrer «à un ami une pincée de l’alcaloïde le plus récent, non pas, bien entendu, par malveillance, mais simplement par esprit scientifique, pour connaître exactement les effets du poison»… Mais une chose est sûre : ces méthodes analytiques et son physique ont fortement influencé le tout jeune Arthur Conan Doyle qui suivait ses cours de médecine à la fin des années 1870, pour le personnage de Sherlock Holmes qui apparaîtra dix ans plus tard dans le roman policier Une étude en rouge (dont sont extraites les deux citations ci-dessus) et deviendra au fil des ans l’archétype du détective.
Erudit, poète amateur et sportif, grand et sec comme le futur enquêteur, Joseph Bell était bien connu pour ses pouvoirs d’observation et d’analyse. Arthur Conan Doyle dans un entretien filmé réalisé en 1927 s’était étendu sur ses talents (1) : «J’avais un vieux professeur, qui était extraordinairement brillant pour le travail déductif. Il regardait le patient, l’autorisait à peine à ouvrir la bouche qu’il établissait le diagnostic de la maladie. Il a également très so