Certains journalistes, fétichistes, les conservaient jalousement, comme un trésor de guerre. D’autres, blessés, avaient tout jeté pour oublier le plus vite l’insulte, voire la menace. Recueillir autant de correspondance fielleuse, reçue au fil des ans, n’a pas été de tout repos. Car s’il est facile d’ouvrir nos tiroirs, corbeilles de boîtes mails et dossiers noirs, leur contenu peut parfois frapper fort, au point de heurter. Alors, quoi de mieux qu’en rire ? Il faut dire que certains auteurs sont très créatifs, les plus artistes allant parfois jusqu’à décorer leurs enveloppes avec un goût relevant de l’art brut. Très excités, certains vont jusqu’à gratifier leurs propos de petits cadeaux comme du PQ maculé de matières indistinctes, de mouchoirs usés, voire de dessins scabreux ou de haïkus insensés… Drôle par accident, cette correspondance, abondante, ne pouvait rester sous silence – car après tout, ces lettres, destinées à un Autre qui ne répondra jamais, s’adressent à tout le monde.
En croisant nos archives, des traits de caractère se sont recoupés, des obsessions se sont retrouvées, faisant apparaître des typologies, chacun dans sa croisade. Pour commencer, ce sont des lecteurs, et pas des lectrices. Les hommes sont plus prompts à corriger, invectiver (voire à insulter) ou réexpliquer un article que les femmes… Ce n’est pas une impression, c’est statistique. Sur la centaine de lettres retenues, une seule a été écrite par une certaine Christine. Si les anglicismes en crispen