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Libération
Série d'été

Nuances de luttes : du pacifisme à l’insurrection, la gauche voit rouge

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Toute la semaine, retour sur la palette de couleurs dont se sont imprégnés les combats politiques et sociaux (1/6). Aujourd’hui, le rouge, brandi par les insurgés pendant la Révolution française avant de devenir l’étendard du mouvement ouvrier et des socialistes dans toute l’Europe.
À Paris, lors de la manifestation du 1er Mai, en 2023. (Cyril Zannettacci/Vu pour Libération)
publié le 3 août 2024 à 7h00

Il submerge le cortège du 1er Mai, ponctue les logos de nombreux partis de gauche, clignote sur le décapsuleur CGT chantant l’Internationale… Pourtant le rouge n’a longtemps eu aucune connotation politique ou idéologique. Cette teinte vibrante, longtemps signe de puissance, de richesse, a d’abord servi, en Europe, à prévenir d’un danger. Un héritage que l’on retrouve encore dans nos feux tricolores et panneaux d’interdiction. Sous l’Ancien régime, lors de grands mouvements de foule, les autorités publiques agitent un drapeau ou un chiffon rouge pour inviter la foule à se disperser.

Le 17 juillet 1791 marque un tournant dans la perception de cette couleur. «Il y avait trop de monde sur le Champ-de-Mars venu réclamer la destitution de Louis XVI, après la fuite à Varennes. Le drapeau rouge a été sorti pour inviter la foule à se disperser, c’était un drapeau pacifique, et, on ne sait pas pourquoi, la garde nationale a tiré sur la foule», retrace l’historien spécialiste des couleurs Michel Pastoureau. Les coups de feu font une centaine de morts, érigés en martyrs de la Révolution en cours. «Dès ce moment-là, le rouge a pris une signification politique. De neutre voire pacifiste, il devient insurrectionnel, l’emblème de la foule venue deman