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Libération
100% pur leurre

Enric Marco, la parole d’horreur d’un faux déporté

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Devenu le visage des déportés espagnols, parcourant les écoles pour raconter les trains à bestiaux et les fours crématoires, le «matricule 6448» avait tout inventé. Par vanité.
Enric Marco au camp de Mauthausen, en Autriche, en mai 2003. (Lluis Gene/AFP)
publié aujourd'hui à 7h09

Tricheries, bluff, impostures et dissimulations… De Maradona à Retailleau, de Marie-Antoinette à Stanley Kubrick, tout l’été, Libé brille de mille faux. Tous les épisodes de notre série «100 % pur leurre» à retrouver ici.

«Lorsque nous arrivions aux camps de concentration dans ces trains infects, des trains pour du bétail, on nous dénudait complètement, on nous ôtait tous nos biens ; pas seulement par esprit de rapine mais pour nous laisser nus, sans défense, l’alliance, le bracelet, les photos, tout. Seuls, sans assistance, sans rien. […] Leurs chiens nous mordaient, leurs phares nous aveuglaient, ils nous hurlaient dessus en allemand “links-rechts”, gauche-droite. Nous, on ne comprenait rien, et ne pas comprendre un ordre pouvait vous coûter la vie.» En cet hiver 2005, un petit homme à moitié chauve et à l’épaisse moustache s’exprime avec force à la tribune des Cortès, la Chambre basse du Parlement, à Madrid. Debout, sans note, la voix rauque et puissante, il déroule un récit atroce, décrivant sa déportation dans les camps nazis.

Nous sommes le 27 janvier, journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste. Jamais la Chambre des députés espagnols ne l’avait commémorée jusqu’ici et elle a choisi un homme, Enric Marco, pour rendre compte de l’horreur vécue par tous les dépor