Menu
Libération
Drôle d'été pour une rencontre

Anna-Amina et Fanta : le doudou, la réfugiée et la glaneuse

Article réservé aux abonnés
Drôle d’été pour une rencontredossier
Anna-Amina n’avait rapporté de sa Tchétchénie natale, fuie en urgence en 2001, qu’un doudou. Quand elle le perd lors d’un voyage en bus, la jeune femme se lance dans une quête effrenée, au bout de laquelle elle rencontre Fanta, «ramasseuse» d’objets.
Anna-Amina et Fanta, celle qui a retrouvé son doudou. (Albert Facelly/Libération)
publié le 23 juillet 2024 à 16h02

Joan Baez et Bob Dylan, Fidel Castro et Che Guevara, Adam et Eve, le Petit Prince et le renard… Tout l’été, Libé vous raconte la magie des premiers instants. Pour le meilleur ou pour le pire.

23 h 58. Son téléphone s’éclaire : «Venez en bas de mon HLM. Maintenant.» Elle ne l’espérait plus. Anna-Amina court sans réfléchir dans les rues de Noisy-le-Sec. Il fait nuit noire. La mère d’un ami la suit de loin, terrorisée, prête à appeler les secours au cas où ce soit un piège. Quand elle arrive en bas de l’immeuble, essoufflée, un jeune homme dégingandé lui ouvre la porte. Le néon de la cage d’escalier est cassé. Une femme sort en robe ample, 35 bracelets brillants autour du poignet. Son pas est mal assuré, ses bras tendus en avant comme un zombie. Au creux de ses mains, enveloppé dans un tissu, le trésor qui a fait courir la jeune femme. Un tigre de la taille d’une souris, pelage râpé, arrière-train rempli de microbilles. Une peluche comme celle des machines à pinces des fêtes foraines. Trop petit pour être un doudou, trop gros pour un porte-clé. Le genre de tigre qui ne sert à rien. Pourtant pendant près de deux semaines, Anna-Amina a placardé des centaines d’affiches, promettant 200 euros de récompense à qui le retrouverait. Dans l’obscur