Joan Baez et Bob Dylan, Fidel Castro et Che Guevara, Adam et Eve, le Petit Prince et le renard… Tout l’été, Libé vous raconte la magie des premiers instants. Pour le meilleur ou pour le pire.
Et puis, sans même y penser, elle s’est levée. Elle a quitté son piano et s’est avancée, fragile, vers le devant de la scène. Seules les notes délicates de la contrebasse de Michel Gaudry tissaient un fil dans les étoiles de Bobino. Dans un souffle, elle a entamé le dernier couplet. Peut-être simplement en le murmurant, comme elle le fera tant de fois par la suite. «Ce fut… un soir en septembre, vous étiez venus m’attendre…» Face à elle, ils sont plus de mille à retenir leur souffle. «Ici même, vous en souvenez-vous ?» La voix se casse à peine. «A vous regarder sourire, à vous aimer sans rien dire, c’est là que j’ai compris tout à coup.» L’accordéon de Joss Baselli s’envole. «J’avais fini mon voyage et j’ai posé mes bagages. Vous étiez venus au rendez-vous.» Elle ouvre les bras et plante enfin son regard dans leurs yeux. «Qu’importe ce qu’on peut en dire, je suis venue pour vous dire…»
Enfin, elle fait son aveu.
Du plus loin que nous reviennent les échos des concerts de Barbara, tous ceux qui ont eu la chance d’y assister ont entendu ces paroles. Comme celles de la Petite Cantate, elles n’ont jamais manqué à un seul de ses spectacles. Mais pour l’hi