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Drôle d'été pour une rencontre

Entre Koko la gorille et Penny Patterson, la planète des signes

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Drôle d’été pour une rencontredossier
Quand l’éthologue entre dans la nurserie du zoo de San Francisco en juillet 1972, c’est bien plus qu’à un sujet d’étude qu’elle fait face. Quarante-six ans de recherches sur le langage chez les grands singes plus tard, c’est surtout la dimension maternelle de cette rencontre qui fait débat.
Penny Patterson et Koko. Image issue du film documentaire «Koko le gorille qui parle» de Barbet Schroeder paru en 1978. (Les Films du Losange)
publié le 16 juillet 2024 à 16h00

Joan Baez et Bob Dylan, Fidel Castro et Che Guevara, Adam et Eve, le Petit Prince et le renard… Tout l’été, Libé vous raconte la magie des premiers instants. Pour le meilleur ou pour le pire.

Décembre 1984. Le monde entier découvre l’existence de Koko, une femelle gorille qui non seulement maîtrise la langue des signes américaine, mais est capable d’émotion et d’abstraction. Cette année-là, quand on annonce à Koko la perte d’un chaton qu’on lui avait offert (il s’est fait écraser), le gorille exécute les signes «pleurer», «sourcils froncés», «triste», «problème». L’épisode est documenté en vidéo, le public des télés est fasciné. Depuis douze ans, Koko s’entraînait à utiliser la langue des signes avec Penny Patterson, docteure en psychologie de l’Université de Stanford (Californie). «Pleurer» se signe en dessinant des larmes sur les joues à partir des yeux.

Aujourd’hui, Instagram et TikTok nous abreuvent de vidéos de pies ingénieures hydrauliques, d’orangs-outans conduisant des voitures de golf ou de perroquets qui appellent leurs potes en visio : il nous en faut donc plus pour nous étonner. Mais au moment où commence la saga de Koko et Penny, on en était plutôt à se faire peur avec la Planète des singes : l’idée que des primates pourraient parler était séduisante, mais aussi effrayante. Depuis au moins 1909 (et un article du psychologue américain Lightner Witmer),