Joan Baez et Bob Dylan, Fidel Castro et Che Guevara, Adam et Eve, le Petit Prince et le renard… Tout l’été, Libé vous raconte la magie des premiers instants. Pour le meilleur ou pour le pire.
Quelle heure est-il exactement, ce 19 octobre 1968, lorsque trois élégants Italiens passent le porche du 36, avenue Georges-Mandel ? On ne se le rappelle pas ; on sait simplement que ce samedi-là, un étrange été indien règne sur Paris, où l’air frôle les 20 degrés. On sait aussi que nos trois messieurs, qui ont fait le trajet depuis Rome, sont dans leurs petits souliers. Il y a là, qui attendent désormais religieusement l’ascenseur, le jeune et imposant Franco Rossellini, producteur de cinéma, le chaleureux et virtuose costumier Piero Tosi, ainsi qu’un troisième homme, plus âgé, poète, cinéaste, et bien d’autres choses encore : Pier Paolo Pasolini. Manque ici, évidemment, un quatrième personnage, qui justifie la présence de notre trio romain. Il, ou plutôt elle, habite le troisième étage de ce bel immeuble d’angle, où son riche amant lui a offert un appartement. C’est la voix la plus célèbre de son siècle, la cantatrice gréco-américaine Maria Anna Cecilia Sofia Kalogeropoulos. Maria Callas.
C’est Rossellini, le producteur, qui est à la manœuvre. Lui qui a eu la géniale idée de cette rencontre dont, il en est sûr, pourrait naître un grand film. Car c’est bien là le défi qui attend le