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Libération
Il était une voix (4/6)

Florence Foster Jenkins, mouise en scène

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Du metal au jazz, des artistes ont bâti leur carrière sur leur timbre. Aujourd’hui, la pire chanteuse d’opéra de New York.
La soprano américaine, au tournant du XIXe et XXe siècle. (Granger)
publié le 24 août 2021 à 21h37

Au Carnegie Hall, quand le service des archives est sollicité, le concert le plus demandé n’a pas été donné par Maria Callas, Enrico Caruso, Judy Garland ou les Beatles, mais bien par… Florence Foster Jenkins. Nous sommes le 25 octobre 1944 et elle est âgée de 76 ans quand, à la demande générale de ses amis, elle se produit enfin sur la célèbre scène new-yorkaise. Les places se sont vendues en quelques heures et les spectateurs sont venus de tout le pays pour la voir apparaître dans une robe extravagante qu’elle avait elle-même confectionnée, puis lancer dans la salle des roses que ses assistants ramassent pour qu’elle les lance encore, dans une ambiance survoltée où les hourras le disputent aux rires. «Pour qu’une chanteuse connaisse du succès, elle a besoin d’une combinaison de talent, de charisme et de qualités d’interprète, observe Gino Francesconi, directeur des archives du Carnegie Hall, sur le site de l’institution. Par définition, elle a besoin de savoir chanter ! Florence Foster Jenkins ne possédait aucun de ces attributs : en fait, elle était considérée comme l’une des pires chanteuses de tous les temps.»

Une pianiste prodige

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