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Libération
A la folie (3/6)

Hervé de Maupassant, la vérole de sa vie

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Cette semaine, ­«Libé» arpente les couloirs de l’asile psychiatrique. Aujourd’hui, le frère cadet de Guy de Maupassant, qui perdit la raison et que l’écrivain, syphilitique comme lui, fit enfermer.
Hervé de Maupassant, frère de Guy. (Coll. Sirot Angel. Opale)
publié le 22 août 2022 à 16h43

«J’ai conduit hier Hervé dans un asile d’aliénés de Montpellier plein de fous sordides et affreux. J’irai l’y reprendre demain», écrit Guy de Maupassant à son père en 1889. Va prospecter des établissements plus confortables, lui demande-t-il aussi, comme Ville-Evrard, en Seine-et-Oise. «Tu montreras au directeur de cette maison de santé la lettre du docteur Blanche, en lui disant que je compte lui amener mon frère mercredi dans la matinée.» Ce sera finalement le Vinatier à Bron, ouvert en 1876, considéré comme un des plus modernes d’Europe. Hervé de Maupassant est conduit à Bron en août 1889. Il a 33 ans.

Après un début de carrière militaire, il s’était investi dans sa passion pour la botanique, et il a créé une entreprise d’horticulture à Antibes. En janvier 1886, il se marie avec Marie-Thérèse Fanton d’Andon, Simone naît l’année suivante. Mais à l’été 1887, sa raison chancelle. Il tient des propos incohérents, s’irrite de plus en plus fréquemment. Une nuit, il tente même d’étrangler sa femme. Guy avertit son père le 8 février 1888 : «Hervé écrit des lettres affolées, désespérées et incohérentes qui font perdre la tête à ma mère. Je vis donc au milieu de scènes terribles de chagrin.»

Contraint de le faire interner, Guy donne rendez-vous à Hervé à Lyon, sous le prétexte de lui montrer une villa où se reposer, en réalité l’asile. Il tente de s’éclipser tandis qu’un médecin prend son frère en charge, qui le surprend à partir. «Ah ! Guy ! Misérable ! T