Un accident, une rencontre, un déclic, un hasard, un coup de folie ou un coup du sort… Cet été, Libération revient sur les moments clés d’une histoire. Et là, tout bascule…
1984. Earl Smith Jr. vit en Californie. Originaire de Chicago, ce fou de musique, danseur invétéré, tente à 19 ans de se ranger. Mais un jour, il reçoit une lettre de Herbert Jackson, un ami d’enfance du Southside avec qui il courait encore les fêtes étudiantes et les block parties quelques mois plus tôt, surtout celles où se produisent deux DJ qu’ils adorent, Farley «Jackmaster» Funk et Steve «Silk» Hurley. Dans sa lettre, «Herb» le somme de venir passer un week-end à Chicago pour faire avec lui un tour au Music Box, un club ouvert récemment sur South Indiana Avenue. Earl Smith n’y résiste pas. Il se rend vite compte qu’il est tombé dans un guet-apens. Ce qui se passe chaque samedi soir dans cette boîte obscure tient de la magie noire. Enceintes fixées au plafond diffusant la musique à un volume terrassant, débauche de drogues (herbe, LSD ou «sherm sticks», des joints enduits de PCP), fumée… De quoi effrayer le jeune mélomane mais aussi l’ensorceler. Car la musique elle-même est révolutionnaire, imbrication super-énergique de disco, de new wave et de funk augmentée de percussions et d’effets sonores distordus que Ron Hardy, nouveau roi de la piste de danse autoproclamé, joue et enchaîne comme un possédé.