Tous les épisodes de notre série de l’été 2022, «Une histoire peut en cacher une autre», à retrouver ici.
Hitler cache tout un tas d’histoires pour la simple raison qu’il incarne non seulement l’impensable de l’âme humaine mais ce à quoi on préfère ne pas penser. Figure du mal absolu, il rejoint les grands monstres fictifs : il y a l’absurde fiancée de Frankenstein et les impossibles filles de Dracula ; il y aura Eva Braun, la fiancée d’Adolf – qu’elle appelait «Alfi» – et les fils de Hitler. Puisque la question du monstre, du hors-nature, c’est aussi celle de l’exemplaire unique, du non-reproductible, il ne peut en principe ni aimer, ni être aimé, encore moins enfanter. C’est sans doute ce qui explique le succès d’un livre comme celui de Diane Ducret, Femmes de dictateur (Perrin, 2011) : qui étaient les partenaires de ces hommes malades et cruels ?
Témoignage d’un camarade de tranchée
Mais avant qu’il devienne barbare et meurtrier, le monstre peut aisément susciter la convoitise sexuelle. De 1933 à sa chute, des milliers d’inconnues offrent leur cœur, voire un contrat de mariage, à «l’homme le plus pur et le plus sublime» de l’Allemagne. Une «pureté» que Hitler a toujours cultivée dans sa communication : un article traduit le 5 août 1939 dans Paris-Soir et signé de Patrick Hitler, fils anglais du demi-frère du dictateur, nous apprend que Hitler l’aurait vertement engueulé pour s’être présenté à la presse comme son neveu : «Je suis entouré d’idiots, d’hommes qui détruisent tout ce que j’ai édifié avec tant d