Joan Baez et Bob Dylan, Fidel Castro et Che Guevara, Adam et Eve, le Petit Prince et le renard… Tout l’été, Libé vous raconte la magie des premiers instants. Pour le meilleur ou pour le pire.
Bien sûr qu’il n’a vu qu’elle. Sa chevelure auburn, son corps souple, ses longues jambes ; ses yeux de chat et ses lèvres pleines. Encore ruisselante d’eau au bord de la piscine, nue comme un ver, à peine couverte par une serviette trop petite. John Profumo a 46 ans, un portefeuille ministériel, un titre de baron, des galons de général de brigade, des relations. Christine Keeler a 19 ans, des rêves de petite fille pauvre, des libertés que réprouve l’Albion puritaine, et guère que sa beauté comme passeport pour une vie meilleure. L’histoire était écrite sans doute ; elle finira mal, pour eux et pour d’autres. Tout y est réuni pour faire les choux gras des tabloïds : sexe, politique, espionnage. Tout, aussi, y est un jeu de masques et de dupes, de petits et grands secrets cachés derrière des portes closes. Cette histoire, enfin, c’est celle d’un vieux monde cruel qui persiste, à peine ravalé, sous le vernis des swinging sixties qui s’annoncent.
Ce samedi 8 juillet 1961, il fait chaud jusque dans le Buckinghamshire. A quelques dizaines de kilomèt