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100% pur leurre

Joyce Hatto, concerto pour piano et pipeau

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100% pur leurredossier
Bach, Messiaen, Rachmaninov : dans les années 2000, les mélomanes s’arrachent les fabuleux enregistrements de la pianiste britannique, malade et recluse. Tout le monde tombera dans le panneau, sauf iTunes…
La pianiste Joyce Hatto, en juin 1954. (Fred Ramage/Keystone. Hulton Archive. Getty Images)
publié le 24 juillet 2025 à 7h06

Tricheries, bluff, impostures et dissimulations… De Maradona à Retailleau, de Marie-Antoinette à Stanley Kubrick, tout l’été, Libé brille de mille faux. Tous les épisodes de notre série «100 % pur leurre» à retrouver ici.

René Köhler était né en 1926 à Weimar. Il avait étudié le piano en Pologne avec un élève de Charles Mikuli, lui-même élève de Chopin. Autant dire qu’il touchait sa bille en mazurkas. Hélas, un nazi lui avait broyé la main gauche en 1940, et il fut déporté à Treblinka en 1942. Libéré par l’Armée rouge, Köhler fut ensuite expédié au goulag jusqu’en 1970.

Se reconstruisant avec la difficulté qu’on imagine, il émigre au Royaume-Uni et devient un brillant chef d’orchestre qui accompagne régulièrement la pianiste Joyce Hatto. Depuis 1976, celle-ci vit en recluse à Royston, dans la banlieue de Londres. Elle a eu un petit succès dans les années 1950 et 1960 mais, depuis 1989, elle enregistre chez elle et dans les églises alentour avec un piano Steinway hérité de Rachmaninov. Et le résultat est fabuleux. Si fabuleux (surtout pour une femme âgée et malade, qui souffre d’un cancer des ovaires) qu’au début des années 2000, les amateurs commencent à s’arracher ses enregistrements en CD : plus d’une centaine, de Bach à Messiaen, réalisés sous la houlette de son mari et producteur, William Barrington-Coupe.

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