Menu
Libération
La grande série de l'été (35/37)

Le jour où... Alan Turing a croqué la pomme

Article réservé aux abonnés
Après avoir joué un rôle majeur contre les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale, le mathématicien, père de l’informatique et génie condamné en raison de son homosexualité, se serait suicidé en croquant une pomme imbibée de cyanure.
Alan Turing dans les années 30. (Wikimedia Commons )
par Mireille Sartore
publié le 25 août 2021 à 19h45

Très longtemps, l’histoire planétaire n’a retenu aucun événement notable au jour du 7 juin 1954. La mort d’Alan Turing, dans une «mise en scène» digne d’Agatha Christie ? Quelques lignes dans la presse britannique, et basta. Pourtant, dans une maison de briques rouges au sud de Manchester, à Wilmslow – une localité considérée aujourd’hui comme un des coins les plus huppés d’Angleterre –, c’est bien un mathématicien de génie qui s’éteint tragiquement ce jour-là, à 41 ans, avec une pomme empoisonnée comme seule pièce à conviction. Ce personnage, que la science informatique revendique comme son père fondateur, est accessoirement un héros de la Seconde Guerre mondiale : beaucoup découvriront le rôle extraordinaire qu’il a joué durant cette période tragique à travers un film américain à succès, Imitation Game de Morten Tyldum (qui consolidera en 2014 la notoriété de l’acteur Benedict Cumberbatch) et, en France, une pièce de Benoit Solès, quatre fois récompensée aux Molières 2019, la Machine de Turing.

Par quelle bizarrerie a-t-on établi un lien posthume entre Blanche-Neige et les Sept Nains, premier long métrage des studios Disney, sorti sur les écrans en 1938, et le mode opératoire ayant conduit au suicide le surdoué anglais, ostracisé par son pays en raison de son homosexualité ? Parce que le mythe Turing s’est bâti autour d’une pomme, ou plus exactement de trois. Celle que la femme de ménage retrouva chez lui, en fin d’après-midi, dans la bâtisse toutes lum