Etre au bon endroit au bon moment est l’obsession de tout photoreporter. Daniel Camus en fut un bon exemple. En 1954, à 24 ans, il avait vécu l’enfer de Dien Bien Phu au Vietnam, en tant que photographe des armées, pendant son service militaire. Trois ans plus tard, il se retrouve plongé dans la bataille d’Alger, alors qu’il a rejoint Paris Match. Le 31 décembre 1959, jeune marié, il est en voyage de noces avec la journaliste Marie-Hélène Viviès, à La Havane. Le couple ignore qu’au bout de la nuit, il a rendez-vous avec l’Histoire.
La suite est racontée par sa femme, dans une lettre à sa rédaction : «Je vous appelle de notre chambre à l’hôtel Sevilla. Je suis allongée sur la moquette car on tire sur tout ce qui bouge aux fenêtres. J’attends des nouvelles de Daniel, qui est parti avec son Leica pour mettre la révolution “dans la boîte”, comme il dit. C’est à 6 h 30, à l’heure où le réveillon aurait dû s’achever, que la nouvelle a éclaté. Nous dansions encore. Daniel m’a entraînée vers un poste de radio autour duquel des gens s’amassaient : Batista s’est enfui en avion. Nous nous sommes précipités dehors. Nous avons vu la rue changer en un clin d’œil : voi