Dans l’ancien temps, pas si lointain, le randonneur prévoyant fourrait dans son sac à dos une bonne vieille carte IGN. Le b.a.-ba, direz-vous avant d’emprunter le premier sentier venu, notamment en forêt ou en montagne. Plus prévoyant encore, le marcheur chevronné préparait son itinéraire la veille ou l’avant-veille et en collégialité s’il cheminait en bande. Et puis, au début des années 2010, surgirent les applications collaboratives dédiées à la randonnée et aux activités outdoors (vélo, canoë, ski, etc.).
AllTrails, la première d’entre elles, leader américain du marché avec plus de 80 millions d’utilisateurs revendiqués dans le monde, est lancée en 2010. Payante par abonnement, elle permet notamment de chercher une promenade adaptée à son niveau, de télécharger des cartes ou des tracés pour s’orienter grâce à la géolocalisation, d’être suivi en direct par un tiers (au cas où) et d’alerter en cas de pépin. Mais également de créer ses propres itinéraires et de partager à ses amis ou à la communauté des randonneurs (27 millions de pratiquants, débutants ou initiés, en France) ses impressions ou ses photos de balade.
Il existe au moins une douzaine de ces applis, évaluées en juin par l’UFC-Que choisir, chacune avec des fonctionnalités distinctives pleines de promesses (guide vocal, infos météo, cartes IGN, import de circuits) : l’Austro-allemande Komoot, d’abord pensée pour les cyclistes, la petite Alsacienne Visorando, MaRando, lancée en 2022 par la Fédération française de la randonnée, ou la plus corpo Decathlon Outdoor.
Lire l'épisode précédent
Mais une application ne résout pas tout et notamment une question fondamentale lorsqu’on marche entre potes, à la journée ou en bivouac : quel itinéraire choisir ? Les débats (ou disputes) portent bien souvent sur le niveau de difficulté (durée, dénivelé positif, etc.), très subjectif selon les randonneurs. Or un avis sur AllTrails n’est pas gage d’authenticité, le rapport à la difficulté variant d’un pays à l’autre. Et la rando peut alors vite tourner au cauchemar (lire notre série). Viennent ensuite les (petites) défaillances techniques lors du parcours. Que faire quand on a oublié de télécharger l’itinéraire hors réseau et qu’on se retrouve sans dans un massif mal balisé ?
Finalement, mieux vaut ne point trop dépendre de ces outils numériques et continuer de fourrer une carte IGN papier dans son baluchon.