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Libération
Les livres inachevés (4/6)

«Non» d’André Malraux , il y était fresque

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«Libé» feuillette les livres abandonnés sur l’établi. Aujourd’hui, le grand roman sur la Résistance dont rêvait l’écrivain avant de renier la fiction.
Pour Malraux, le passé était une pâte molle, malléable, une matière à légendes, et la description de ses états de service dans la Résistance, contestée au point que certains le taxaient d’être «mythomane», ne faisait pas exception. (Photomontage Marcus Moller Bitsch d'après Getty Images/Libération)
publié le 21 juillet 2021 à 6h35

Rien de telle qu’une phrase à la Malraux pour résumer sa vie, une phrase à l’aventure, longue et sinueuse, pour dire qu’il fut Goncourt et pilleur d’art au Cambodge, militant anticolonialiste en France et antifasciste en Espagne, résistant tardif, mais résistant tout de même, puis ministre, encore ministre, et auteur de fascinants discours aux accents caverneux qui parlent de destin et frappent au fond des tripes. La phrase étant posée, passons à la période de son existence qui nous intéresse ici : la Seconde Guerre mondiale.

Pour Malraux, le passé était une pâte molle, malléable, une matière à légendes, et la description de ses états de service dans la Résistance, contestée au point que certains le taxaient d’être «mythomane», ne faisait pas exception. On sait qu’il a pris les armes en mars 1944 après l’arrestation et la déportation de Claude et Roland Malraux, ses demi-frères, avant de diriger depuis le maquis la brigade Alsace-Lorraine sous le nom de «colonel Berger».

Après le conflit, tout le monde attendait de Malraux qu’il écrive sur le sujet, comme l’avait fait Joseph Kessel avec l’Armée des ombres. En 1957, l’écrivain Roger