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Les mots de la semaine : le bruit des feuilles dans le vent et la pire des offenses

Chaque jour dans son cahier d’été, «Libération» vous propose son «mot de la fin», des variations sur un mot insolite. Cette semaine, un mot pour vos entretiens amoureux, un joli frémissement et une vilaine humiliation.
«Les mots de la fin» (Graphikstreet)
publié le 1er août 2021 à 9h38

Witenagemot

n. m. - vieil anglais witan (sage), gemot (assemblée)

C’est une sorte de Parlement anglais avant l’heure. Un conseil des sages convoqué par le roi, lors duquel les personnalités les plus importantes (haut clergé, comtes, barons) discutaient taxes, sécurité, administration et organisation du royaume. Le witenagemot prit fin, après quatre siècles d’existence, en 1066, avec l’invasion des Normands. Il devint alors Curia regis, puis, en 1215, Parlement d’Angleterre.

Cascatelle

n. f. - italien cascatella

Quand j’entends ce mot, je vois une petite cascade dans un écrin bucolique. Eh bien c’est tout à fait ça. Sauf que cette petite cascade peut tout à fait être artificielle, en ville, au milieu d’un décor pollué. Musset, dans «Fantasio», en fait non pas un filet d’eau mais de mots : «Une charmante cascatelle de paroles mielleuses sort avec le plus doux murmure».

Contumélie

n. f.- latin contumelia

Bloy ou Huysmans emploient ce joli mot. Une contumélie est une parole ou action qui atteint une personne dans son amour-propre, sa dignité. L’offense très grave, source d’humiliation ; une contumélie, c’est donc comme ça qu’on t’humilie ? Eh oui.

Friselis

n. m. - de friser, puis friseler

Grizzly, Frisbee, grisbi, et donc friselis, la boucle est bouclée. Rien à voir avec le gros ours, peut-être davantage avec le disque de plastique, dont le bruit du lancer peut y faire penser. Le friselis, c’est un très faible frémissement, celui, par exemple, de feuilles dans le vent. On trouve plus rarement frisselis, le petit frisson qui lui est synonyme lui prêtant alors sa double consonne.

Impavide

adj. - latin im- et pavidus (craintif)

L’impavide est donc plein, mais plein de quoi ? Plein de certitudes, de calme, de sérénité. Il ne connaît aucun trouble, n’est pas ému. L’impavide n’a jamais peur, même devant un grizzly il ne se sent pas proie, pas cible, impassible.

Blémizarder

v. - vieux français blésinarder (flâner, musarder)

Ce verbe est aujourd’hui très peu employé, c’est un terme d’argot du XIXe siècle, utilisé au théâtre. Blézimardent les comédiens qui se coupent la parole. Difficile de comprendre les répliques, donc soit ces coupes successives créent un effet comique, soit les spectateurs détestent et s’en vont. Dans les deux cas, les comédiens sont contents : soit ils font rire, soit ils rentrent plus tôt chez eux.

Oaristys

n. f. - grec oaristus (rencontre amoureuse)

«Ah ! Les oaristys ! Les premières maîtresses ! L’or des cheveux, l’azur des yeux, la fleur des chairs…» Verlaine dans ses «Poèmes saturniens» emploie ce mot féminin, qui veut dire entretien amoureux, voire un peu plus : aventure galante, idylle, ébats. Gide, dans la première partie de son «Journal», décrit une conversation comme une «oaristys de pensées» : la fusion des corps s’étend alors aux esprits.

Retrouvez «Le mot de la fin» chaque jour dans notre cahier estival et chaque semaine sur notre site.