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Littérature étrangère

Les premières pages de «la Morelle noire» de Teresa Moure : «Ce n’est pas une silhouette quelconque, c’est la reine de Suède en personne»

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Chaque week-end, les premières pages d’un livre de la rentrée. Aujourd’hui, un roman multiprimé en Galice, à la limite du réalisme magique.
Teresa Moure, autrice de «la Morelle noire». (Teresa Moure)
par Teresa Moure
publié le 10 août 2024 à 13h30

Christine de Suède, qui a été élevée comme un garçon, s’ennuie des charges de la couronne. Elle ne veut ni se marier ni avoir des enfants, elle se passionne pour les lettres et les arts, fait venir René Descartes à Stockholm, avide d’échanger avec lui. Le philosophe français est le fil conducteur des trois portraits féminins de la Morelle noire. Hélène Jans, elle, travaillait dans la maison d’Amsterdam où Descartes a longtemps vécu ; ensemble ils ont eu une fille, Francine, morte à 5 ans (fruit de ce qui aurait été son unique relation sexuelle, selon lui). Le penseur – et un intéressant débat sur la création d’une langue universelle – nourrit la correspondance entre la souveraine suédoise qui a abdiqué et Hélène Jans, la guérisseuse. Mais leur amitié tient davantage à leur façon d’être en accord avec elles-mêmes, à s’affirmer libres. A notre époque, bien loin du XVIIe siècle, Inès Andrade revisite pour sa thèse une histoire monopolistique. Dans ce premier roman traduit en français, multiprimé en Galice, Teresa Moure réussit habilement, en jouant avec les formes, parfois à la limite du réalisme magique, à donner du coffre à des femmes d’un autre temps, et à infuser leur sillage au présent. F. Rl

1.

En ce printemps, Stockholm peine à se réveiller de sa léthargie hivernale. Les oiseaux n’ont pas encore fait leur réapparition, encore moins les fleurs et les papillons, les arbres ont conservé leur nudité et on dirait même que les jours ont du mal à s’allonger après un