C’est une vallée craquelée, boursoufflée, hérissée de pics rocheux. Un nuage de poussière rose s’attarde dans ce qui semble être l’ancien lit d’un fleuve. Décor de synthèse ? Une rencontre avec le plasticien balaie l’impression première : nous sommes face aux Bardenas Reales, vestiges d’un lac salé préhistorique. Soit au sud-est de la Navarre, à quelque 350 kilomètres de Madrid seulement, quand on se croyait embarqués beaucoup plus loin, en territoire de fiction ou sur un ailleurs cosmique.
Micro-organismes halophiles
Ce sentiment d’irréalité ne doit rien au hasard : l’image est composée de centaines de clichés réalisés in situ par l’artiste, et assemblés en une seule image grâce à un logiciel d’astrophotographie, créant ainsi la sensation d’une vision ultra-nette, au-delà des possibles de l’œil humain. Hugo Deverchère n’aime rien tant que teinter le réel d’exotisme, pour traduire dans le paysage nos fantasmes d’ailleurs inaccessibles – Nouveau Monde, conquête de l’Ouest ou épopée spatiale, à chaque époque le sien. «On a l’impression d’une Terre où plus rien n’est à découvrir, mais il suffit de décaler légèrement notre sphère perceptive pour renverser notre appréhension du monde, et en révéler d’autres dimensions», observe-t-il.
Avec son projet La Isla de las Siete Ciudades, l’artiste a succombé à l’attraction des Cités d’or. Pour réactiver la légende, il a parcouru les sites ibériques qui auraient inspiré les descriptions de l’archipel fantôme, depuis les Bardenas Reales à la mine du Rio T