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Libération
La création in situ (4/6)

«L’Ile des sept villes», les poussiéreuses cités d’or

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La création en train de se faire, là où on ne l’attend pas. Aujourd’hui, sur les traces d’un archipel fantôme avec Hugo Deverchère.
«La Isla de las Siete Ciudades». (Hugo Deverchère)
publié le 10 août 2021 à 16h15
(mis à jour le 10 août 2021 à 19h16)

C’est une vallée craquelée, boursoufflée, hérissée de pics rocheux. Un nuage de poussière rose s’attarde dans ce qui semble être l’ancien lit d’un fleuve. Décor de synthèse ? Une rencontre avec le plasticien balaie l’impression première : nous sommes face aux Bardenas Reales, vestiges d’un lac salé préhistorique. Soit au sud-est de la Navarre, à quelque 350 kilomètres de Madrid seulement, quand on se croyait embarqués beaucoup plus loin, en territoire de fiction ou sur un ailleurs cosmique.

Micro-organismes halophiles

Ce sentiment d’irréalité ne doit rien au hasard : l’image est composée de centaines de clichés réalisés in situ par l’artiste, et assemblés en une seule image grâce à un logiciel d’astrophotographie, créant ainsi la sensation d’une vision ultra-nette, au-delà des possibles de l’œil humain. Hugo Deverchère n’aime rien tant que teinter le réel d’exotisme, pour traduire dans le paysage nos fantasmes d’ailleurs inaccessibles – Nouveau Monde, conquête de l’Ouest ou épopée spatiale, à chaque époque le sien. «On a l’impression d’une Terre où plus rien n’est à découvrir, mais il suffit de décaler légèrement notre sphère perceptive pour renverser notre appréhension du monde, et en révéler d’autres dimensions», observe-t-il.

Avec son projet La Isla de las Siete Ciudades, l’artiste a succombé à l’attraction des Cités d’or. Pour réactiver la légende, il a parcouru les sites ibériques qui auraient inspiré les descriptions de l’archipel fantôme, depuis les Bardenas Reales à la mine du Rio T