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Libération
Une histoire peut en cacher une autre (19/36)

Linda Lovelace, le couteau sous la «Gorge profonde»

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Une histoire peut en cacher une autredossier
Succès fulgurant du cinéma porno et formidable machine à cash, «Deep Throat», film phénomène des années 70, a transformé son actrice en star et icône de la libération sexuelle. Pourtant, quelques années plus tard, la révélation d’un tournage sous contrainte change la donne.
Linda Lovelace affirme n'avoir jamais touché son cachet de 1 200 dollars pour «Deep Throat», confisqué par son ex-mari violent. (Everett. Aurimages)
publié le 5 août 2022 à 20h14

Tous les épisodes de notre série de l’été 2022, «L’histoire derrière l’histoire», à retrouver ici.

Sur les devantures des cinémas de Times Square, le titre s’exhibe en lettres XXL : Deep Throat. Sorti quelques mois plus tôt, en juin 1972, le film attire chaque semaine des milliers de spectateurs, pas forcément coutumiers des artères mal famées du quartier, royaume du sexe tarifé au cœur de Manhattan. Des couples bien comme il faut viennent s’encanailler, des célébrités – du réalisateur Mike Nichols à l’écrivain Truman Capote – s’y pressent. Dans les files d’attente qui s’étirent devant les salles, on croise aussi bien des diplomates des Nations unies, des policiers hors service que des membres de la très respectable rédaction du New York Times, raconte l’un des journalistes en janvier 1973. La pornographie, jusqu’à présent cantonnée aux peep shows sordides et revendue sous le manteau, s’invite dans les conversations. Il faut avoir vu la performance de Linda Lovelace, l’actrice principale du long métrage, dont le scénario, aux airs de farce absurde, tient en une phrase : une jeune femme s’initie aux plaisirs charnels après avoir découvert que son clitoris se trouve, en raison d’une anomalie anatomique pour le moins improbable, au fond de sa gorge. U