Joan Baez et Bob Dylan, Fidel Castro et Che Guevara, Adam et Eve, le Petit Prince et le renard… Tout l’été, Libé vous raconte la magie des premiers instants. Pour le meilleur ou pour le pire.
Lui. Torse nu, tous les muscles du corps tendus à l’extrême, se débattant entre des chaînes tenues par des gardes, une voix tonitruante venant des tréfonds du monde : Vladimir Vyssotski joue sur les planches de la Taganka, le grand théâtre progressiste de Moscou, l’un de ses rôles les plus spectaculaires – le forçat en rupture de ban Khlopoucha, dans un poème de Sergueï Essenine, Pougatchev.
Elle. Blonde comme les blés, visage lumineux de pleine lune, idole de toute l’URSS depuis son incarnation de l’envoûtante Ina, enfant de la sylve scandinave dans la Sorcière en 1956 : Marina Vlady, actrice française d’origine russe, en visite dans la capitale soviétique à l’occasion du Festival international du film de Moscou, est «ébranlée par la force, le désespoir, la voix inouïe de l’acteur» dont elle découvre l’existence ce soir-là (1).
Lui : «Enfin je vous rencontre.» Il dépose un baiser sur sa main, dans le tumulte du VTO, le très sélect club-restaurant des artistes où se réunit tous les soirs le gratin de la scène moscovite. Il est amoureux d’elle depuis qu’il l’a vue au cinéma.
Elle : «Ces premiers mots me troublent.» Depuis l’ovation assourdissante de la salle