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Libération
Série d'été

Morts blanches : l’Ordre du temple solaire envolé Vercors et âmes

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Des histoires de drames, de cold cases ou de meurtres en montagne (4/6). Aujourd’hui, le massacre dans le Vercors d’une quinzaine de membres d’une secte.
(James Albon/Liberation)
par François Carrel, correspondant à Grenoble
publié le 29 juillet 2025 à 15h17

Ce 15 décembre 1995, ils sont seize, venus de Suisse, de Haute-Savoie, de Paris, répartis dans quatre voitures, en route pour le Vercors. Pour ces treize adultes, tous membres de l’Ordre du temple solaire (OTS), secte apocalyptique, et trois jeunes enfants, l’heure de la dernière randonnée est venue. Cette nuit, dans la montagne, ils abandonneront leur enveloppe charnelle et quitteront la Terre, promise selon leurs oracles à une destruction prochaine, pour s’échapper vers l’étoile Sirius…

Depuis la vallée de l’Isère, entre Valence et Grenoble, ils sont montés vers le village de Saint-Pierre-de-Chérennes, à 380 mètres d’altitude sur les contreforts du Vercors. Au-delà, la route grimpe dur, en lacets, jusqu’à déboucher sur l’un des plateaux du massif, celui du hameau du Faz. Là, ils se garent près du foyer nordique, à 1000 mètres d’altitude. Ils sont à l’orée de l’immense forêt des Coulmes, parcourue de pistes de ski de fond, pas encore ouvertes. Chaudement vêtus, pour certains de vêtements de ski, ils se mettent en marche dans une dizaine de centimètres de neige fraîche et grimpent à travers la forêt. L’un porte un jerrican de super, d’autres quatre armes et des médicaments.

«Vieille légende»

Ils font partie des derniers membres vivants du premier cercle de l’OTS. Quarante-huit de leurs pairs, parmi lesquels les gourous Joseph Di Membro et Luc Jouret, sont morts en Suisse il y a un an, dans plusieurs chalets de montagne incendiés dans la nuit du 4 au 5 octobre 1994. Selon les écrits de Di Membro