Entre 2014 et 2018, la photographe Emilie Arfeuil a développé les Métamorphoses de Protée, un projet transmédia rassemblant à la fois des images fixes, de la vidéo, des installations et de la création sonore.
Au cœur de ses recherches, les différentes métamorphoses du végétal, du minéral et, bien sûr, de l’être humain : à l’instar de la chrysalide qui se transforme en papillon, du pétale qui éclôt du bourgeon, du serpent dont la peau part en lambeaux, l’homme mue. Naturellement bien sûr, tel est le cycle de la vie. Mais il mue parfois aussi de sa propre volonté. Pas forcément comme le caméléon d’ailleurs, dont le but est de se fondre dans le paysage. Mais davantage comme Protée, ce dieu marin issu de la mythologie grecque, qui prend la forme de ce qu’il aime ; précieux don dont il use pour brouiller les pistes.
Les Protée d’aujourd’hui, eux, ne se cachent plus, ils jouissent pleinement de leur liberté pour se chercher, se découvrir, se métamorphoser. Le genre, l’origine, l’orientation sexuelle et toutes les appartenances codifiées par lesquelles notre société est conditionnée ne sont plus ce par quoi ils se définissent. Ainsi est leur choix.
Piercings, tatouages, cheveux colorés, coiffés en crête ou crâne rasé, perfecto en cuir clouté et eye-liner prononcé… D’une saison à l’autre, ils deviennent autres. Ou plutôt eux-mêmes ? Une identité au temps T, loin des carcans, dépassant les limites. Et au fond, n’est-ce pas très justement cela l’identité ? Quand d’immuable elle devient mouvante, mystérieuse et assumée. Insaisissable Soi !
Le travail d’Emilie Arfeuil questionne principalement la notion d’identité et ses transformations, au travers de l’histoire individuelle ou collective, de l’appartenance et de la représentation, de l’hybridation et de l’autodétermination.
Les Métamorphoses de Protée, film photographique. Images : Emilie Arfeuil / Réalisation et montage : Alex Liebert / Voix : Laurie Bellanca / Musique : Steve Reich.
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