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Libération
Les guides verts (6/6)

Nathaniel Rich, autopsie des années perdues du climat

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«Libé» raconte les précurseurs de l’écologie moderne et leurs ouvrages. Aujourd’hui, une enquête implacable sur la décennie où les Etats-Unis ont choisi de ne pas agir contre le changement climatique.
Des maisons détruites par les incendies de 2018, à Ventura en Californie. (Joe Sohm/Visions of America/Universal Images Group via Getty)
publié le 12 août 2022 à 8h11

Août 2018. Aux Etats-Unis, la crise climatique a un parfum de cendres alors que la Californie s’embrase – les incendies dureront des mois. Au même moment, le magazine dominical du New York Times frappe fort en publiant une vaste enquête du journaliste et romancier Nathaniel Rich, intitulée Perdre la terre : la décennie où nous avons presque stoppé le changement climatique. C’est la plus longue jamais sortie dans le quotidien américain (30 000 mots sur 66 pages). L’effort monumental, qui deviendra un livre un an plus tard, rappelle un précédent historique, en 1946, lorsqu’un numéro entier du New Yorker fut consacré au reportage de John Hersey sur les survivants de la bombe d’Hiroshima.

«Une crise de civilisation»

Nathaniel Rich connaît son sujet. Il vit à La Nouvelle-Orléans, une ville en train de couler, qui pourrait avoir disparu dans moins de cent ans. Perdre la Terre repose sur dix-huit mois de travail, une centaine d’interviews, et la volonté de faire évoluer notre approche du changement climatique. «Le langage que nous utilisons est totalement inadéquat, racontait l’auteur à Libé en 2019. D’ailleurs, le fait même de parler du climat est en soi trompeur. Parce que ce dont il est question, c’est bien d’une crise de civilisation.»

Le coup de génie de l’article est de regarder non pas devant, mais loin derrière. En 1979, le rapport Charney tombe sur le bureau du président américain Jimmy Carter. Tout est déjà dedans : les conséquences néfastes de l’activi