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Libération
Série d'été

Nuances de luttes : anarchiste ou fasciste, le noir rival et radical

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Toute la semaine, retour sur la palette de couleurs dont se sont imprégnés les combats politiques et sociaux (3/6). Aujourd’hui, le noir, coloris contestataire des militants libertaires autant que des milices de Mussolini.
A l'extrême droite, la teinte est arborée par les «chemises noires» en Italie, et a depuis été reprise par les militants néofascistes, comme lors de la manifestation du «C9M» à Paris le 11 mai. (Denis Allard/Libération)
publié le 5 août 2024 à 17h37

Une teinte équivoque. «Le noir est une couleur ambiguë, remarque Michel Pastoureau, historien spécialiste des couleurs. Sur le plan politique, beaucoup de mouvements y sont associés, parfois contradictoires.» De la veille de la Révolution française jusqu’au XIXe siècle, le noir est associé aux partis de l’Eglise, conservateurs. Quand dès le XVIIIe siècle, le pavillon noir passé à la postérité grâce au cinéma (où se croisent deux fémurs et un crâne) flotte sur les mâts des navires de pirates. «Le noir politique ou idéologique se met en place à partir du milieu du XIXe siècle et, peu à peu, tend à supplanter le noir de l’Eglise», retrace l’historien.

L’étendard noir s’affiche au fronton de l’hôtel de ville de Paris pendant la révolution des Trois Glorieuses en 1830, avant que les canuts lyonnais ne le fassent leur, dès leur première révolte l’année suivante. La symbolique anarchiste du noir doit quant à elle tout à Louise Michel. La communarde, anarchiste et féministe, brandit un vieux jupon noir fixé à un manche à balai, le 9 mars 1883, lors d’une manifestation des sans-travail aux Invalides, à Paris.