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Série d'été

Nuances de luttes : sur les ronds-points, le jaune redore son blason

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Toute la semaine, retour sur la palette de couleurs dont se sont imprégnés les combats politiques et sociaux (4/6). Aujourd’hui, le jaune, symbole honni de Judas et des briseurs de grève, réhabilité par le mouvement des gilets jaunes.
Le choix du coloris par les gilets jaunes doit peu à la symbolique des couleurs : amorcé en réaction au coût de l’essence, le mouvement a choisi un objet trouvable dans chaque voiture. (BOBY/Photo Boby pour Libération)
publié le 6 août 2024 à 17h00

Le jaune est sorti du coffre dans lequel il était symboliquement enfermé. Dans sa version fluo criarde, il s’est affiché derrière les parebrises avant de déferler dans les rues en 2018. Le mouvement de contestation populaire des gilets jaunes a fait sienne cette couleur figurant dans les sondages comme la plus mal aimée. «Le jaune a longtemps été évité dans le monde politique et militant car sa symbolique est majoritairement péjorative. Elle est associée au mensonge, à la trahison. C’est la couleur des traîtres», analyse l’historien spécialiste des couleurs Michel Pastoureau, auteur d’un livre sur cette nuance. La figure biblique de Judas est à tenir pour responsable de l’opprobre infligée à cette teinte pourtant symbole de richesse, de prospérité, de fertilité et de lumière dans l’Antiquité gréco-romaine. «C’est le traître par excellence dans le Moyen Age chrétien. Il a trahi le Christ et sa couleur iconographique, puisque celle des Hébreux et des Juifs est souvent le jaune», explique l’expert. Au XIIe siècle, des textes font même état de maisons de faux-monnayeurs peintes en jaune.

Tenace, l’idée s’est renforcée à la fin du XIXe siècle. «On en fait la couleur des syndicats traîtres, ceux qui font semb