Si la peinture a usé des fruits comme autant de vanités ou de nature mortes au XVIIe et XVIIIe siècle, le XIXe s’en servira comme des supports de création.
Esquisses sur le duvet d’une pêche ou impressions sur peau de pomme, c’est la technique du «marquage». Les jardiniers montreuillois en font leur spécialité, en envoyant au tsar de Russie et aux grands d’Italie des fruits marqués de leurs armoiries. L’image est obtenue par un jeu de bronzage fruitier, des pochoirs sont collés sur les fruits en plein soleil, juste avant pleine maturité «Dans toute la France, les amateurs s’y essayent en affichant initiales ou blason sur leurs fruits. Une façon de flatter les invités en leur offrant un panier garni littéralement personnalisé», rappelle Philippe Schuller, secrétaire général de la Société régionale d’horticulture de Montreuil.
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Et si ça marchait autrement que sur des fruits ? Dans sa campagne de Breteuil-sur-Noye dans l’Oise, le jeune Hippolyte Bayard, futur pionnier de la photographie moderne, regarde son père poser les pêches sur les palissades et constate l’action de la lumière sur les pochoirs. Il reproduit le dispositif sur des feuilles imprimées et colorées et, à force d’expérimentations, devient le premier photographe en 1839 à proposer des positifs sur papier. Malheureusement, la même année, à quelques mois près, le daguerréotype métallique lui vole la gloire ainsi que les subventions de l’Académie des sciences.
En réponse, il se prend en photo (le tout premier self