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Libération
Livret de famille (7/12)

Prénom de nom : Marie-Marie, plutôt deux fois qu’une

Des histoires de familles et d’identité. Aujourd’hui, le témoignage de Marie-Marie, 37 ans, qui résiste aux préjugés.
(Michel GILE/Gamma-Rapho via Getty Images)
publié le 24 juillet 2021 à 11h49

«Je n’ai pas du tout l’impression d’avoir un prénom doublé. Comment dire, pour moi, Marie-Marie, ce n’est pas une répétition. C’est un prénom à part entière. Composé certes, mais un prénom en tant que tel. Quand j’étais petite, ma mère insistait pour qu’on m’appelle toujours par mon prénom en entier. Elle me répétait : “Tu t’appelles Marie-Marie, c’est comme ça, et pas autrement. Je compte sur toi pour le dire.” J’imagine que ça a joué dans mon rapport à mon prénom. En même temps, je peux la comprendre. Quand on appelle son enfant Marie-Marie, ce n’est pas pour le raccourcir ensuite.

«C’est mon père qui a eu l’idée. Il était médecin, et il soignait une famille où tous les enfants s’appelaient Marie-quelque chose. La petite dernière s’appelait Marie-Marie. Il a été emballé. Je ne l’ai jamais rencontrée, ni elle ni les quelques autres. Nous sommes une vingtaine en France. Toute ma famille m’a toujours appelé Marie-Marie sans exception. Ma mère n’aurait pas laissé passer, de toute façon. Je le vis bien. Je pense que ça donne un peu d’originalité à ma personnalité. On se souvient plus facilement de moi. Dans la façon d’aborder les gens, ça joue aussi. C’est un brise-glace. Souvent, on me demande comment m’appeler. Certains optent directement pour le Marie tout court. J’explique qu’en fait, non. Parfois, je n’ai pas le temps : mon conjoint ou mes proches le font à ma place. Limite, ils sont plus attachés à mon prénom que moi.

«Après, j’ai toujours droit aux mêmes blagues, hein. Marie au carré, inévitable. Ou ceux qui répètent deux fois leur prénom : “Enchanté, Marie-Marie. Moi, c’est Jacques-Jacques.” Un peu fatiguant parfois. Mais bon, en ce moment, ça ne me gêne pas. Et puis, c’est un moyen de m’affirmer. Quand j’ai dû demander à ma directrice de thèse de ne plus m’appeler seulement Marie par exemple… Ceci dit, c’est passé nickel. En fait, ça passe partout, sauf dans un endroit. Là, j’ai tout tenté, lettre sur lettre, grande explication… Rien à faire. Sur les papiers de la Sécu, il me manque toujours un Marie.»