Rachel Carson adorait l’océan mais ne plongeait pas, nageait à peine, comme si le simple voisinage de l’eau lui suffisait. Elle a fantasmé la mer durant toute son enfance, imaginant le roulis des vagues et leurs claques salées depuis la ferme de Pennsylvanie où elle est née, en 1907. Son père vend des assurances ; sa mère lui apprend à reconnaître le chant des oiseaux. Elle étudie la biologie, mais la Grande Dépression, puis la mort du paternel, l’obligent à subvenir aux besoins de sa famille et la privent d’un doctorat. La jeune femme intègre l’administration américaine, au Bureau des pêches, où elle rédige des mémos et des synthèses. En 1941, l’un de ses textes devient un livre, Sous le vent marin. Le suivant, la Mer autour de nous, dix ans plus tard, est un best-seller qui lui permet de se consacrer uniquement à l’écriture.
«Guerre de l’homme contre lui-même»
A l’époque, le DDT tombe comme une pluie providentielle sur les champs et les jardins des Etats-Unis. Ce pesticide, «la bombe à insectes», est un rejeton de la Seconde Guerre mondiale, un produit miracle qui a sauvé les troupes du paludisme et du typhus en décimant les moustiques. Des citoyens et des scientifiques dénoncent son usage commercial et ses conséquences sur la faune, en vain. Rachel Carson s’intéresse aussi à cette substance «biocide». Elle prépare, seule, un ouvrage sur le sujet.
Les guides verts (2/6)
En 1962 sort Printemps silencieux, ou comment les pesticides empoisonnent le monde au nom du progrès. «C’est un livre sur la gu