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Libération
Les journalistes bonimenteurs (1/6)

Ryszard Kapuscinski, écueil de poésie

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Retour sur des affaires de reporters de presse en bisbille avec le réel. Aujourd’hui, le Polonais qui enjolivait sa vie et ses récits.
Ryszard Kapuscinski en 2002. (AFP)
publié le 20 août 2021 à 19h48

A l’adolescent ou au jeune adulte à qui vient la drôle d’idée de devenir journaliste, ce métier précaire, mal payé et détesté par la plupart de nos bien-aimés concitoyens, les fous qui le poussent dans cette voie conseillent souvent les mêmes ouvrages. Un Albert Londres sur le bagne ou le Tour de France, parce qu’un «reporter, monsieur, ne connaît qu’une ligne : celle du chemin de fer», un Bukowski, pour faire croire qu’alcoolisme et véracité peuvent faire bon ménage, ou un Ryszard Kapuscinski, par exemple sur cette fameuse guerre de cent heures entre le Salvador et le Honduras, qui aurait été déclenchée à cause d’un match de foot (c’est faux, mais c’est plus joli raconté comme ça). Ryszard Kapuscinski, né en 1932 et mort en 2007, est un journaliste culte en Pologne. Fils de résistant, longtemps communiste encarté, grand reporter notamment pour son agence de presse nationale, il a roulé sa bosse en pleine guerre froide, couvrant des renversements de régime en Ethiopie, en Iran, déjeunant avec les grands de ce monde et dînant avec la plèbe. L’homme fut de tous les terrains : il savait forcer les détails pour rendre chaque aventure extraordinaire, à la limite, évidente, entre le journalisme et la littérature.

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