Un accident, une rencontre, un déclic, un hasard, un coup de folie ou un coup du sort… Cet été, Libération revient sur les moments clés d’une histoire. Et là, tout bascule…
En ce mois de septembre 1979, Sir Anthony Blunt est très inquiet. Les éditions Hutchinson s’apprêtent à publier un livre signé du journaliste Andrew Boyle, ancien de la BBC, consacré à une affaire qu’il connaît bien – très bien même, puisqu’elle le concerne au premier chef. Une affaire qui, jusqu’ici, ne l’a jamais éclaboussé publiquement ; ce qui, pour tout dire, tient du miracle. Une affaire où se niche une part cachée du passé de Sir Anthony. Un secret d’Etat que bien peu partagent. Car il y a ce que l’on offre aux regards du monde, et ce qu’on leur dérobe. Mais jusqu’à quand ?
A presque 72 ans, Sir Anthony est l’un des plus éminents historiens d’art du Royaume-Uni. Il est le spécialiste incontesté du grand maître classique français Nicolas Poussin, l’auteur de moult ouvrages savants, auxquels viendra bientôt s’ajouter une biographie de l’architecte italien du XVIIe siècle Francesco Borromini. Après la Seconde Guerre mondiale, et jusqu’en 1973, il a été le conservateur des collections royales, ce qui lui a valu d’être anobli en 1956 par