Capable d’avaler cinq films d’horreur par jour, Stéphane Bourgoin avait le goût du glauque, du détail qui se plante dans l’inconscient avec la délicatesse d’un clou. C’était son commerce et son art. Fin connaisseur des tueurs en série, il sortait des tonnes de livres et donnait des conférences au tarif salé (40 euros la place, moitié prix pour les étudiants). Au menu : la langue frétillante de Gerard Schaefer, flic assassin, en extase pendant le récit de ses viols post-mortem, ou la sauce barbecue dont Ottis Toole, «le cannibale de Jacksonville», enduisait ses victimes avant de les manger, et à laquelle Bourgoin se vantait d’avoir lui-même goûté. En 2000, Libé rencontrait l’étrange gastronome et jugeait ses bouquins «documentés mais écrits à l’emporte-pièce». Sans flairer la supercherie.
Des entretiens méticuleux avec 77 tueurs en série
Bourgoin est un produit des années 1990. A l’époque, l’expression «serial killer», venue des Etats-Unis, tisse sa toile en France, portée par le cinéma (le Silence des agneaux, Seven) et les affaires Francis Heaulme ou Guy Georges. Après des petits tournages de séries B et de films porno, Stéphane Bourgoin, fasciné, s’impose sur le